Exgaar est un monde méconnu de la population humaine. Des îles, cachées depuis toujours par un puissant sortilège magique, protégeant les créatures d'une guerre potentielle avec les êtres dénués de toute magie. Dans ce monde, bien des Royaumes se côtoient, mais ces chroniques se focalisent sur cinq royaumes voisins, alliés par le Traité Ancestral d'Exhi, ancienne Grande Reine de tous les Royaumes réunis. Pendant mille ans, les Cinq Royaumes seront forcer de cohabiter en paix, offrant des épousailles, victuailles et de l'or à part égale aux autres contrées du Traité. Oui mais, comme vous vous en doutez, voici que les mille ans touchent enfin à leur fin...

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Mise en garde :

En s'y promenant, vous pourrez y croiser bien des Faes aux capacités aussi extraordinaires les unes que les autres. Certains pensent qu'ils descendent des Dieux et que leurs races se sont éteintes depuis des millénaires, d'autres sont persuadés de leur existence sans pour autant ne jamais avoir trouvé leur repère. Tant mieux, car l'on raconte que chaque humain y ayant mis les pieds a disparu dans d'étranges circonstances.

En plongeant dans cet univers, vous devenez complices des guerres secrètes qui y règnent, des intrigues amoureuses dont seul vous aurez le secret, des connaissances longtemps cachées. Puisse le sort être favorable à votre survie.

-La fin du Traité Ancestral d'Exhi, vraiment ? Mais qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse, sérieusement ?

Les princes et princesses héritiers.ères du Royaume se tenaient tous et toutes dans la grande salle du Trône, où les Rois et Reines se tenaient droits dans leurs fauteuils, malgré leur grand âge. Cette pièce était la plus majestueuse, et avait été construire sur un territoire situé entre les cinq royaumes, afin qu'ils puissent régner main dans la main en paix comme le Traité l'exigeait. Seulement, depuis quelques années, la fin du Traité commençait à secouer le peuple dont certains demandaient une accession au trône des héritiers, afin de se promettre un avenir plein de guerre et d'intrigues royales.

-Si vous voulez mon avis, votre Puissance...

Les têtes se tournèrent une à une vers la petite voie qui venait de s'exprimer. Un petit bout de femme, à peine plus grande qu'une humaine, dont l'apparence sauvage de la tenue contrastait avec la douceur des traits de son visage aux boucles exagérées. Sa peau était sombre à cause de ses heures de balade en pleine nature, et ses cheveux arboraient la même teinte. Seuls ses yeux dorés ressortaient dans ce visage banal.

-Il serait plus sage d'envisager une réunion officielle entre chaque souverain afin de conclure un nouveau Traité pour les mille prochaines années, enchaîna t-elle malgré le silence régnant dans la pièce, sa dernière syllabe ricochant contre chaque mur de marbre.

Elle redressa le menton, maintes jointes dans son dos, pour observer les visages des Princes et de leurs chevaliers, qui avaient tourné la tête vers elle en même temps. Les conseillers avaient été installés au fond de la pièce, près des portes, pour être les premiers sacrifiés si quelqu'un osait s'en prendre à un endroit aussi sacré. Dans l'ombre, tandis que les héritiers se tenaient sous un puits de lumière colorée et divine, venant du toit de vitraux installé quelques mètres au dessus de leur tête.

Les deux princesses, de loin, se ressemblaient étrangement, avec leur port altier et leurs chevelures cachés sous des dizaines de bijoux. Pourtant, quand on les regarde de plus près, on observe que la Princesse d'Iahurial a le teint gris, des yeux blancs et une moue toujours tirée vers les bas. De ses doigts gantés, elle sert constamment un petit renard en péridot de la même couleur que ses cheveux, comme s'il était la prunelle de sa vie. Nul ne l'avait jamais vu utiliser ses pouvoirs, et on ne saurait dire si ses oreilles sont pointues sous cette couche d'accessoires. La seconde en revanche, Princesse Acemond, a le teint légèrement rosé, et ses yeux blancs semblent sereins. Ses dents, en revanche, toujours montrées dans un sourire polie, ont une teinte grise absolument atroce. Le vert de ses cheveux est plus pâle, et ses oreilles dépassent de deux fois sa tête. Il parait qu'elle est courtisée par bien des Rois lorsqu'elle se promène à l'étranger. Pour sa part, la conseillère ne lui laisserait même pas un doigt dans la bouche de le peur de le voir arraché.

-Eh bien, en quoi devrions-nous suivre votre avis ?

La voix vient du trône tout à gauche, celui du Roi d'Illitope, son propre Roi dont le sourire est capable de vous faire dire toute la vérité. Alors, elle sourit faiblement, et regarde à nouveau les Princes, cherchant du soutien auprès du sien.

-Dans la mesure où vous laisserez bientôt vos trônes aux héritiers, et, en tant que conseillère représentant votre peuple... commence t-elle, perdant un centimètre d'honneur à chaque nouveau mot. Je ne ferais que mon devoir en suggérant que le Traité ne soit pas rédigé par vous, chers Rois, chères Reines, mais par ces mêmes héirtiers.

Une exclamation d'horreur parcourt l'assemblée. La porte de la grande salle s'est entrouverte, dévoilant les yeux curieux des Chevaliers censés les protéger d'oreilles curieuses et d'assassins. Alors, il se passe quelque chose d'étrange. Les Princesse regardent, se mettent à rire comme s'il s'agissait de la blague de l'année. Pourtant, elle était si sérieuse !

-Nous vous remercions, conseillères Judaste, mais seuls ceux qui règnent ont le pouvoir de signer ce Traité. Et je ne le ferais pas.

Elle manque de s'étouffer face à l'arrogance du Prince héritier Lucian d'Aeklimos. De taille respectacle, il a l'allure d'une armoire à glace à côté d'elle, des yeux tout aussi froids que la réputation qu'il se donne, une chevelure trop parfaite et bien coiffée, des oreilles trouées de bijoux, le tout contrastant curieusement avec la douceur de ses lèvres et de son pourpoint en velours bleu marine. On ne sait jamais s'il est en train de rire quand il le fait, ou s'il se moque de vous.

Le coude de son voisin se plante dans ses côtes et il fait un petit bond de côté, l'air un peu blasé. La conseillère remercie son Prince d'un signe de tête, et soupire doucement face à l'absurdité de la situation.

-J'accepte de signer un traité. Contre trois pichets de vin, deux couronnes d'émeraude, quatre gigots, deux cerfs marinés à la sauce aux algues, un serviteur en bonus et... Oh, votre silence, commente t-il en papillonnant des yeux. Le serviteur est pour vous, évidemment.

Elle voit ses oreilles pointues s'agiter et elle secoue la tête vivement, regrettant qu'il soit laid comme un pou. Enfin, pour tout autre, il a l'air d'un Dieu, mais pour elle, il sera toujours laid et insupportable. Encore une chance qu'il soit pourvu d'yeux couleur d'ambre sans cesse décorés de paillettes qui coûtaient toujours une fortune à son père. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il l'envoyait toujours elle pour aller les chercher, la forçant malgré elle à retrouver un amant qu'elle préfèrerait oublier. La prochaine fois, elle ensorcellerait sa potion pour qu'il brille au soleil pendant au moins trente jours, histoire de le lui faire regretter. Un tirage de langue mesquin plus tard, elle se retrouvait tirée hors de la pièce par le Prince de Shaelether, dont la taille immense, le regard rouge et les cheveux noirs constamment en vrac sur son crâne et son visage auraient pu terroriser même un serpent.

-Je n'ai pas fini, je reviendrais et... Et je vous... J'en sais rien, mais je reviendrais ! hurle t-elle, avant que les immenses portes ne la séparent du brouhaha de la salle Royale, au même titre que tous les autres conseillers.